Les frères BONNEFF menèrent des enquêtes précises, au scalpel, d’investigations documentées, dans un langage simple, accessible et sans fioritures sur les conditions de travail et le monde du travail entre 1907 et 1914.

Ils écrivaient principalement dans le journal l’Humanité, en première page à coté de Jaurès.

Les frères BONNEFF sont tous les deux morts à l’automne 1914 dans les tranchées, il y a 101 ans, à quelques semaines d’intervalle.
Tous les journalistes pourraient s’inspirer de cette manière d’écrire et de relater la réalité du monde du travail, au plus près des travailleurs et de leur syndicat, la CGT et de ses militants, qui leur donnent des informations, et qui les aident aussi discuter avec les travailleurs, voire à rentrer dans les entreprises, les chantiers et carrières.
Nous y découvrons d’anciens métiers, mais avec des sujets d’actualité : l’exploitation, les accidents du travail, les maladies professionnelles, la durée du travail, les apprentis, le travail des femmes, le travail de nuit, les risques chimiques, l’amiante…

QU’EN DIT LE DICTIONNAIRE MAITRON ?

maitron-en-ligne.univ-paris1.fr
« Deux frères, Léon et Maurice. Les Bonneff, socialistes, journalistes, écrivains, enquêteurs sociaux.
Léon, Aron, Mathias Bonneff, né à Gray (Haute-Saône) le 20 septembre 1882 ; blessé le 13 décembre 1914 en Lorraine, en forêt de Morte-Mare ; mort des suites de ses blessures le 28 décembre 1914 à l’hôpital militaire de Toul.

Maurice Bonneff, né également à Gray, deux ans après son aîné, le 28 décembre 1884. Parti pour la guerre comme son frère en août 1914, Maurice fut porté disparu le 24 septembre 1914 à Léon Bonneff, l’aîné, mourut pendant la Première Guerre mondiale en 1914. Maurice Bonneff fut porté disparu le 24 septembre 1914 à Mouilly (Meuse) ; aucune trace de lui ne fut retrouvée et ce ne fut qu’en 1925 qu’on devait être fixé. Mais entre-temps, le père, devenu aveugle, douloureusement frappé par la mort de son aîné et ne voyant pas revenir Maurice, se jeta par la fenêtre et se tua (Le Journal du 14 mai 1924 publia une note sur ce suicide, intitulée « La dernière étape »).

Né dans un famille pauvre de brodeurs franc-comtois, les Bonneff rêvaient de devenir poètes. Dépourvus du certificat d’études dit-on, venus à Paris en 1900, ils y rencontrèrent le communard Lefrançais et l’écrivain Lucien Descaves. Ils devinrent de remarquables journalistes et écrivains sociaux, des observateurs militants dans les années de montée du mouvement ouvrier.

L’œuvre des deux frères nous est parvenue presque entière sous leur signature jumelée. Leur premier ouvrage : Les Métiers qui tuent avait déjà la double signature en 1900. La Vie tragique des Travailleurs (1908), « chef-d’œuvre inégalé de l’enquête sociale », que préfaça Lucien Descaves, les brochures publiées par La Guerre sociale, suite de monographies des métiers : boulangers, postiers, pêcheurs bretons, ouvriers terrassiers, compagnons du bâtiment, employés de magasin etc…, réunies sous le titre La Classe ouvrière, est « un modèle de précision et d’intelligence ». Ils signèrent encore ensemble un autre recueil de notations prises sur le vif, Marchands de folie, où défilèrent tour à tour les cabarets des Halles et des faubourgs, les cabarets d’exploitation les estaminets des mineurs et ceux des ports ; c’était un « livre qui venait comme un appendice, attristant mais obligatoire, à leur œuvre élevée à la gloire des travailleurs ».

Les articles qu’ils donnaient çà et là étaient toujours signés de leurs deux noms, aussi bien ceux que donnait Léon à l’Humanité que ceux de Maurice qui passaient à La Dépêche de Toulouse, et leur collaboration fut active aux Hommes du Jour, à La Vie ouvrière de Monatte, à La Guerre sociale, à La Bataille syndicaliste ou à Mon Dimanche.
Didier, homme du Peuple, dû à Maurice, et Aubervilliers, écrit par Léon en 1912, constituent les deux seules exceptions. Il y a peu d’exemples d’une telle fraternité d’âme et c’est par la confrontation d’Aubervilliers avec Didier, homme du Peuple révèle une nature plus fruste, passionnée.

Aubervilliers, documentaire plus que roman, se présente comme une « chronique au jour le jour d’une des banlieues les plus pittoresques ceinturant Paris ». L’ouvrage fut publié en 1922 et réédité en 1947 (L’Amitié par le Livre) avec une préface de Poulaille.
Didier, homme du Peuple, publié en fascicules en 1912 par La Grande Revue, fut édité au printemps de 1914 par Payot. C’est « un des chefs d’œuvre de la littérature prolétarienne » qui retrace la vie de Perault, secrétaire du syndicat des terrassiers de la Seine, mort à la tâche en mars 1908. Le manuscrit de Didier n’ayant pas été intégralement publié en 1914, H. Poulaille en a préparé le texte intégral.
En 1984, l’éditeur Jean Risacher (EDI) demanda à Michelle Perrot de faire une nouvelle édition de La Vie tragique des travailleurs qui, avec une préface remarquable, rencontra ainsi un nouveau public. »

Les deux seules sources sont :

– Un excellent mémoire de maîtrise d’Isabelle Dauzat de 1989, déposé à la bibliothèque universitaire de Lyon,
seul document existant à ce jour, et très complet.

Sous la direction de Michelle Perrot – Université Paris Diderot Paris 7 date : 1989
1 vol (207 f) : ill : 30 cm
Liens externes Worldcat : 493697829

Nous avons mis ce mémoire remarquable à disposition de chacun. Nous n’avons pu retrouver son auteure. Nous espérons que grâce à ce site, nous pourrons prendre contact avec elle. Ses archives doivent être riches. Elle a même eu contact avec des personnes de la famille. Nous n’en savons pas plus.

– C’est sur le site Gallica que nous avons pu retrouver tous les articles des Frères Bonneff publiés dans plusieurs périodiques, principalement le Journal de l’Humanité où ils ont écrit entre 1908 et 1914.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302/date.langFR

Le site permet de retrouver toute la collection du journal de 1904 à 1944. Le mémoire d’Iasabelle Dauzat dresse la liste de toutes les parutions par date, ce qui permet de cibler les numéros où les Bonneff ont écrit. Le travail dette auteure a grandement facilité notre travail.

Mais il manque sur notre site encore des articles, notamment ceux de la Dépêche de Toulouse, de la Bataille syndicaliste…

A partir des documents libres de droits mis en ligne par la bibliothèque nationale de France via Gallica, il vous est proposé de consulter aussi les livres en ligne de Léon et Maurice BONNEFF, en intégralité.

De leur œuvre, on notera :

Le seul ouvrage actuellement édité « Aubervilliers », une description puissante et remarquable de la vie prolétarienne en banlieue parisienne.

Aubervilliers de Léon Bonneff Préface de Eric Dussert et illustrations de Nicolas André
Editions de l’arbre vengeur

Les ouvrages que l’on peut trouver chez les bouquinistes ou sur internet :
– La vie tragique des travailleurs : une bonne approche des articles publiés préalablement dans l’Humanité ?. Il a été réédité au début des années 1980 mais pas depuis chez EDI.

– « Marchands de folie », qui décrit les salariés dans les estaminets, les cabarets, sur les quais de Rouen, les effets de l’absinthe (qui sera interdite en 1917) sur les ouvriers.

– « La classe ouvrière » sur les boulangers, les employés de magasin, les terrassiers, les travailleurs de restaurant, les cheminots, les postiers, les compagnons du bâtiment, les blessés, les meurtris du travail et laissés pour compte.

A savourer également, un numéro spécial de « l’Assiette au Beurre » sur « les métiers qui tuent »avec des dessins de Grandjouan et une introduction percutante des Frères Bonneff.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1048370f.image

Lisez quelques chapitres au hasard et vous lirez tout…

Les métiers qui tuent
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73017v.r=.langFR

Chacun des frères a écrit d’autres petits livres

Le soldat Phénomène
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73052c.r=.langFR

Fine carotte
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k374774g.r=.langFR

Didier homme du peuple
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72900c.r=.langFR

Présentation du livre sur la vie tragique des travailleurs réédité dans le mouvement social Avril 1987
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5735235z/f132.image.r=bonneff.langFR

Vous pouvez aussi lire un article de Fanny Doumayrou, journaliste à L’Humanité, qui rend hommage aux Frères Bonneff qui est sur le site.
« Il y a un siècle, les frères Bonneff mettaient les risques du travail à la Une. »
Didier Daeninckx a écrit aussi un petit article sur les Bonneff . Il est sur le site.
Nous mettons un contact mail pour que chacun puisse apporter sa pierre avec d’autres informations, documents, réflexions….
Ils seront mis en ligne quand ils apporteront encore à la mémoire de ces deux grands journalistes militants.